Vie et non-vie

papillon abstrait

Vie et non-vie

Quels sont vos choix et vos engagements au quotidien ? …à chaque minute qui passe ?
Le plaisir est-il la VIE ? Et les hésitations, les doutes et dilemmes sont-ils la non-vie ?
Qu’est-ce que “vivre” ou “mourir” ?

Vie ou non-vie ? 

Et si vous écoutiez et décidiez avec votre cœur, vos ressentis corporels et votre intuition ? …plutôt qu’en mode binaire “oui” ou “non : quels seraient les résultats pour vous ?

Je vous invite à lire le texte de François Delivré, ci-après : magnifique ! Merci François !

Vie et non-vie, de François Delivré, 2014

Nous étions partis ce matin-là, Sophie et moi, nous promener sur une petite route près de la maison du fleuve. La campagne était merveilleuse de couleurs printanières, de fraîcheur et de pépiements d’oiseaux. Sophie était en fauteuil roulant et moi, je poussais. Dans ma poche, j’avais un petit pot de peinture noire et un pinceau qu’elle m’avait demandé de prendre avec moi. Quelle idée avait-elle ? Bientôt, nous sommes arrivés à un embranchement. Deux panneaux indicateurs en bois allaient l’un à gauche et l’autre à la droite mais les destinations avaient été effacées par le temps. Alors, Sophie m’a demandé de peindre « VIE » sur le premier et « NON-VIE » sur l’autre. Elle semblait très contente d’elle-même mais moi, j’étais perplexe.

– Hum… Qu’est-ce qui te prend ? ai-je demandé à Sophie.

– C’est juste pour illustrer le choix fondamental de chaque existence humaine, a dit Sophie, et l’engagement qui en découle. Vois : c’est comme si nous étions sans cesse à la croisée des chemins. D’un côté la vie, de l’autre la non-vie. Et le grand engagement auquel nous sommes conviés, a-t-elle poursuivi en roulant les « r », c’est de promettre à la vie de toujours la choisir, en renonçant à la non-vie. C’est de cela que tout découle : les choix, les priorités grandes ou petites, la façon de vivre et même la manière de faire échec aux gâchis.

– C’est un choix facile ?

– Parfois oui, quand la distinction entre vie et non-vie est évidente. Par exemple, se débattre quand on coule, physiquement ou psychiquement, c’est de la vie. Accepter le plaisir quand cela ne fait de tort à personne, c’est presque toujours de la vie. Accepter de passer du temps pour mûrir une décision grave, c’est choisir la vie. En revanche, hésiter trop longtemps entre deux options apparemment aussi vivantes l’une que l’autre, c’est entrer dans la non-vie. Et harceler autrui, refuser un sourire à un malheureux ou ne pas prendre un auto-stoppeur quand on a de la place, c’est presque toujours de la non-vie. Entrer désespéré et pour la nième fois dans une addiction, c’est aussi de la non-vie. Pour éclairer encore plus ta question, le choix entre vie et non-vie est une orientation existentielle dont procèdent les autres choix concrets. C’est une sorte de résolution fondamentale prise dans les « tripes » si tu me pardonnes l’expression qui, ensuite, imprègne tout le reste. Et le choix est binaire ! On ne peut pas en même temps se déterminer existentiellement pour la vie et la non-vie. Entre les deux, il n’y a pas de négociation possible.

– Jusqu’ici je te suis, mais pourquoi « non-vie » et pas « mort » ?

– Parce que les mots « vie » et « mort » sont trop facilement pris dans leur sens biologique, m’a dit Sophie. Pour un animal, ils seraient pertinents mais pour un être humain, la notion de vie est beaucoup plus riche et complexe.

J’ai approché le fauteuil roulant du panneau « VIE ».

– Finalement, qu’est-ce que tu entends par « vivre » ?

– Il est plus sage de ne pas chercher à trop le définir tant c’est variable suivant les personnes et les contextes, a répondu Sophie. D’expérience pourtant, deux choses me paraissent certaines. D’une part ce que nous cherchons du côté de la vie, c’est la vie en abondance, la seule qui vaille la peine d’être vécue. D’autre part, s’engager pour la « vie » et renoncer à la « non-vie » n’est pas choisir entre le plaisir et la souffrance, entre le facile et le difficile, entre l’action et l’inaction, entre la sécurité et l’incertitude, entre la richesse et la pauvreté, entre l’intensité et la banalité, entre le bien et le mal et parfois même entre la vie biologique et la mort. Par exemple, certains plaisirs temporaires et faciles ressemblent souvent à de la vie alors qu’ils peuvent être de la non-vie, par exemple « tuer le temps » avec une addiction quelle qu’elle soit. A l’inverse, de multiples personnes choisissent de vivre des existences apparemment effacées, et c’est pourtant de la vraie vie, au même titre que celle des héros qui se sacrifient pour que vive autrui.

– Et comment discerner entre vie et non-vie ?

– Si tu ne cherches qu’avec la tête, m’a répondu Sophie, tu vas te prendre la tête. Imagine plutôt que, au lieu de rester planté devant ces deux panneaux à calculer si tu vas prendre à gauche ou à droite, tu ouvres les oreilles de ton intelligence et de ton cœur pour écouter la vie qui t’appelle. En d’autres termes, on ne choisit pas de vivre, on ne fait que répondre à un appel. Le choix pour la vie n’est pas un pari fait sur un concept à la suite d’un calcul de probabilités, c’est la réponse à un être vivant qui s’intéresse à nous et nous appelle à le rejoindre dans une relation. Oh ! Ceux qui répondent à cet appel ne s’illusionnent pas sur le caractère fragile de leur engagement. Ils savent bien que la souffrance et la mort le mettront à l’épreuve. Mais ils savent aussi que cet engagement tisse une cohérence fondamentale entre leur passé et leur avenir parce qu’il s’inscrit dans une histoire relationnelle avec la vie qui s’inscrit dans la durée. Ils font l’expérience que ce qui en découle est la joie profonde, la fécondité, l’ouverture, la fraternité.

– La « non-vie » m’appelle aussi, ai-je objecté, et sa voix a souvent des accents trompeurs. C’est comme si elle intervertissait les deux panneaux pour brouiller les repères. Alors, qu’est-ce que je fais si je me trompe ?

– Parle avec la vie, m’a dit Sophie en me faisant signe de poursuivre notre promenade sur le chemin « VIE », tu entendras son appel. Et quand on se trompe, il se produit un miracle que je n’arrive pas moi-même à expliquer. La vraie vie crée toujours des chemins de traverse pour qu’on la rejoigne. Il suffit de les prendre, c’est tout.

Texte extrait des Quatre visages du temps,

de François Delivré

Dunod 2014

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Vie et non-vie… Ce récit s’inspire librement du Deutéronome (30-15), des Deux sources de la morale et de la religion et de l’Evolution créatrice (Bergson). ii Vaille la peine d’être vécue… Lytta Basset, La joie imprenable p248

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Au sujet de l'auteur

Clio Franguiadakis

Depuis 2014, et après 20 années d’expériences dans le secteur privé, Clio accompagne les Dirigeants & Managers dans toutes les phases de leur vie professionnelle, en se focalisant sur 3 leviers de performance : l'Humain, les Relations et l'Efficacité professionnelle. Elle dédie ses compétences, sa passion de l'Humain et son énergie au "mieux-être" et au "bien travailler ensemble". En tant que facilitatrice du changement, elle permet à ses clients de déployer leurs talents et potentiels, et d’accroître leurs performances et résultats. Ses prestations de Coaching professionnel, analyse de pratiques, Co-Développement et formation, en mode individuel et/ou collectif, sont destinées à celles et ceux qui sont prêts à relever les défis qui se présentent et à avancer. A quoi ressemblerait votre vie si vos actions et résultats étaient à la hauteur de vos potentiels ?

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